Antibes est l’antique Antipolis, comptoir grec fondé à une date incertaine par les Phocéens de Massalia à partir du IV ème siècle avant notre ère.
La prospérité de la cité grecque puis romaine repose notamment sur son port bien protégé, le dynamisme de son commerce maritime, sur la transformation des produits de la mer, les salaisons de poissons et la fabrication de garum (sauce à base de poisson, très prisée dans la cuisine antique).
Dans le cadre de fouilles préventives au Pré-aux-Pêcheurs, une équipe de l'INRAP et de chercheurs explorent depuis plusieurs semaines, sur 5 000 m², le fond du bassin portuaire antique qui s’est progressivement ensablé.
Véritable dépotoir, il livre quantité d’objets – déchets rejetés depuis les bateaux au mouillage ou pièces de cargaison perdues lors des transbordements – et témoigne de la vie quotidienne des marins et du commerce maritime.
Couche archéologique dans le fond du port renfermant de nombreux objets - © Rémi Benali/Inrap
Les couches de mobilier archéologique se succèdent depuis le IIIe siècle avant notre ère jusqu’au VIe siècle de notre ère, soit 700 ans. Coulés dans les eaux de l’anse Saint-Roch, plusieurs dizaines de milliers d’objets de toutes sortes ont d’ores-et-déjà été exhumés, notamment des marchandises en provenance du pourtour du bassin méditerranéen. À eux seuls, ils illustrent le dynamisme du port antique et du commerce dans cette partie de la Méditerranée.
Ainsi, tandis que les niveaux romains les plus profonds contiennent plutôt des restes d’amphores italiques (Étrurie, Campanie), de Bétique (Espagne) ou de Narbonnaise (Sud de la France), les niveaux suivants contiennent des débris d’amphores d’Afrique du Nord.
Conservés en contexte humide, de nombreuses matières périssables se trouvent bien conservées : bouchons de liège d’amphores, des aiguilles en os, semelles de chaussure en cuir, éléments en bois d'acastillage, et même un petit autel portatif en ivoire et argent, finement sculpté et ajouré.
Amphore reposant sur le sable du port antique - © Rémi Benali/Inrap
L'épave d'un navire marchand romain du IIe siècle mis à jour ces dernières semaines dans le port antique d'Antipolis : une découverte archéologique exceptionnelle
L'épave romaine - © Rémi Benali/Inrap
Outre un site archéologique déjà majeur, ll vient de livrer aux archéologues une coque de navire romain large de 8 mètres pour 14 de long, et qui dépassait probablement les 20, voire 25 mètres à l’origine. Un véritable "cargo" de l’Antiquité, naviguant dans toute la Méditerranée et qui a sombré là, pour des raisons qui restent à déterminer.
Ce qui est certain, c’est qu’une fois au fond, sous 1,30 mètre d’eau seulement, il a été protégé par une mince couche de sable et de limons durant près de deux millénaires.
Il subsiste du navrire une partie de la carène, depuis la quille jusqu’au dessus du bouchain. Les techniques de construction utilisées sont typiquement romaines, le bordé étant assemblé par tenons et mortaises.
Le système d'assemblage par tenons et mortaises typique de l'architecture navale gréco-romaine. Source M. Rival, CNRS/CCJ
Sa datation sera précisée prochainement mais les céramiques récoltées sur l’épave livrent déjà une fourchette chronologique : les IIe-IIIe siècles de notre ère. Sa provenance est également inconnue et sa cargaison manque.
Les raisons de son naufrage sont pour l’heure inconnues : a-t-il été jeté à la côte lors d’une tempête ? Abandonné au pourrissement dans ce recoin du port ? Coulé volontairement pour servir de base à un appontement ? La suite des investigations apportera la réponse.
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Ville d'Antibes :
(France 3)
Video des derniers relevés et photogramétrie de l'épave (aout 2012 -plein sudtv)