Une découverte archéologique d’aout 2011 vient illustrer un épisode terrible de la révolte juive : la prise de Jerusalem en 70 après JC par le légoions romaines commandées par Titus. Cette révolte du peuple juif , dont l'origine provient d'une querelle religieuse, s’est transformée, face à la détermination des franges les plus radicales des révoltés (les Zélotes et Sicaires), en véritable guerre judeo-romaine (66 -73 après JC).
La prise de Jerusalem par les légions de Titus en 70 après JC
Titus, fils du tout nouvel empereur Vespasien et secondé par Tibère Alexandre, ancien procurateur de Judée met donc le siège devant Jérusalem peu avant la Pâque 70. Il a avec lui quatre légions : la V Macedonica, X Fretensis, XII Fulminata et XV Apollinaris, auxquelles sont joints les contingents renforcés des rois alliés, un grand nombre d'auxiliaires de Syrie, deux mille soldats d'élite de l'armée d'Alexandrie et trois mille des garnisons de l'Euphrate, soit au total soixante dix mille hommes, qu'il dispose d'abord sur les collines entourant Jérusalem.
Maquette de
Jerusalem avant sa destruction en 70 après JC - source : OLevy-Musée d'israel
Titus fait aplanir le terrain au pied des remparts de façon à en faciliter l'approche et construire des hélépoles (des tours d’assaut) qui permettent à son armée de s'attaquer au nouveau rempart de la ville neuve, le moins haut des murs d'enceinte, situé au nord de Jérusalem. Le 25 mai 70, les troupes romaines peuvent le franchir puis, cinq jours plus tard, le 30 mai, s'emparerent du second rempart et de la ville neuve jusqu'au pied de la forteresse Antonia.
Les Juifs infligent encore aux Romains de lourdes pertes et Titus décide alors de construire autour de Jérusalem une muraille de 7 kilomètres de long pour mieux isoler la ville. Dans celle-ci, la famine commence à faire ses ravages. Le 20 juillet, les Romains réussissent à percer une brèche dans le mur du rempart de la cité : peine perdue, ils se retrouvent devant un nouveau rempart qui avait été construit à la hâte par les assiégés en arrière de la brèche. Les Romains parviennent tout de même à s'emparer de la tour Antonia qui est rasée.
De la tour Antonia, les Romains construisent une rampe d'accès à l'esplanade du Temple, et progressent malgré la résistance des Juifs qui, pour les repousser, mettent le feu aux différents portiques qui entourent le Temple.
Les combats redoublent d'intensité dans les derniers jours d'août 70 et la famine et le désespoir s'emparent de tous les habitants de la ville . Finalement le 29 août quand les Romains s'approchent du Temple, malgré les ordres de Titus, un légionnaire jette une torche dans le Temple qui s'embrase, les Romains ne peuvent éteindre l'incendie.
La destruction du Temple ne donne pas le contrôle de la ville aux Romains. Une fois encore Titus s'adresse aux Juifs exige leur reddition en échange de la vie sauve. Mais comme ceux-ci posent leurs conditions et demandent de pouvoir fuir dans le désert, Titus ordonne de prendre et piller la ville. Les Romains donnent l'assaut final le 25 septembre soit 5 mois après le début du siège.
Les assiégés se réfugient dans les souterrains de la ville lors de la mise à sac sur ordre par les légions romaines
De nombreux habitants et rebelles, se sont réfugiés dans des galeries souterraines creusées dans la ville, épisode décrit dans le livre VI de la « Guerre de Juifs » de Flavius Joseph :
« Les tyrans (les Zélotes) et les brigands qui les accompagnaient étaient soutenus d'un suprême espoir : ils songeaient à se réfugier dans les souterrains où ils pensaient ne pas être recherchés et d'où ils étaient décidés à sortir et à prendre la fuite, après l'occupation complète de la ville par les Romains et leur départ. Ce n'était là qu'un rêve, car ils ne devaient échapper ni à Dieu ni aux Romains. Mais pour l'instant, pleins de confiance dans les souterrains, ils allumèrent plus d'incendies que les Romains, tuèrent en foule ceux qui s'enfuyaient des lieux embrasés dans ces tranchées, dépouillèrent les morts, ravirent la nourriture qu'ils trouvaient sur quelques victimes et qu'ils avalaient, souillée de sang. Déjà ils luttaient entre eux pour le butin, et je crois que, dans l'excès de leur cruauté, s'ils n'eussent été prévenus par la prise de la ville, ils seraient allés jusqu'à goûter à la chair des morts » (…)°
Fondations d'une maison juive brûlée en 70 apres JC, lors du sac de Jerusalem (source Biblewalk.com)
« Quand les Romains eurent tué ou fait prisonniers tous ceux des ennemis qui se montrèrent, ils recherchèrent encore ceux qui étaient réfugiés dans les souterrains et, fouillant le sol, tuèrent tous les Juifs qu'ils purent rencontrer ; on trouva là plus de deux mille hommes qui s'étaient tués de leurs propres mains, ou entretués, ou qui, en plus grand nombre, avaient succombé à la faim. Une affreuse odeur de cadavre frappa ceux qui entraient ; beaucoup se retirèrent aussitôt ; beaucoup pénétrèrent à l'intérieur, poussés par la cupidité, foulant aux pieds les corps amoncelés. On trouva de nombreux objets de prix dans les tranchées ; l'amour du gain légitimait tous les moyens de le satisfaire »
Les souterrains, collecteurs d'eeaux pluviales, en cours de fouille depuis 2007 Copyright AP Photo/Dan Balilty
Les fouilles archéologiques de 2011 mettent au jour ces souterrains
Ce sont ces souterrains qui font actuellement l’objet de fouilles archéologiques : la reconnaissance d’une galerie d’évacuation des eaux pluviales sous Jérusalem a permis la découverte de quelques vestiges en excellent état de conservation conservés de cette terrible tragédie, qui viennent d’être mis au jour par les archéologues de l'Autorité des Antiquités d'Israël (IAA):
- une épée, identifiée par les archéologues israleiens comme un glaive de légionnaire romain, conservé dans son étui de cuir décoré, d’une longueur de 60 cm. Il s'agit seulement du troisième glaive trouvé dans la ville:
Le glaive Photo C. Amit - IAA
Détail du glaive en cours de restauration - Copyright AP Photo/Dan Balilty
- des objets utilitaires témoins de la présence des réfugiés : des lampes à huile, des casseroles de métal , une clé en bronze, mais aussi des pièces de monnaies frappées par les rebelles, avec le slogan «La liberté de Sion», et une représentation grossière sculpté d'une ménorah (chandelier à sept branches), une petite cloche d’or qui semblait avoir été un ornement sur les vêtements d'un homme riche, ou éventuellement d'un prêtre du Temple, ….
Pierre gravée d'une Menora - photo photoV. Naykhin -IAA
Clochette en or d'ornement d'un riche habit ou d'un prêtre juif -photo IAA