L’Ecole suisse d’archéologie en Grèce présente une exposition « ERETRIA. Regards sur une cité antique », présentée au Musée national archéologique d’Athènes (26 avril – 24 août 2010), puis au muséum antique de Bâle (21 septembre 2010 – 30 janvier 2011) sous le titre : « Cité sous terre. Des archéologues suisses explorent la cité grecque d’Erétrie »
L’exposition est accompagnée d’un catalogue richement illustré, édité en trois langues (français, allemand, grec), qui présente un état de nos connaissances sur le site et plus largement sur l’histoire de la Grèce, des origines à nos jours. C’est la première fois qu’une exposition temporaire présente un site grec moins célèbre qu’Athènes et ne se concentre pas exclusivement sur des chefs-d’œuvre de l’art grec.
Pour commander le catalogue en Français :
http://astore.amazon.fr/civilisantiqu-21/detail/2884744037
Informations pratiques : http://www.eretria.ch/fr/lesag/
Histoire d’Erétrie
L’importance d’Erétrie au VIIIe siècle av. J.-C.
La cité d’Erétrie est mentionnée pour la première fois dans l’Iliade, l’une des œuvres d’Homère (VIIIe siècle av. J.-C.). Les découvertes archéologiques révèlent que la cité connaît un
développement considérable dans la première moitié du VIIIe siècle av. J.-C. Les constructions de maisons se multiplient. L’élite locale, enrichie par ses activités commerciales, entre en
contact avec l’Orient méditerranéen et l’Occident, en particulier l’Italie du Sud et la Sicile. Grâce à ces contacts, les Erétriens acquièrent de nouvelles connaissances dans des domaines comme
les poids et mesures ou le système de rémunération. On remarquera de tels objets dans l’exposition, ainsi que des sceaux et des amulettes provenant du Proche-Orient, mais qui ont été mis au
jour à Erétrie.
A l’occasion de leurs voyages et de leurs séjours sur la côte syro-phénicienne, les Grecs découvrent l’existence de l’écriture phénicienne. Ils adaptent à leur langue cette écriture étrangère,
qui se lit de droite à gauche et qui omet les voyelles. Ils jettent ainsi les bases de l’alphabet que nous utilisons aujourd’hui encore. Les marchands érétriens jouent un rôle central dans la
diffusion de ce nouveau moyen de communication. En effet, c’est aux Grecs que les Etrusques empruntent leur alphabet. Ce dernier se transmet ensuite aux Latins et connaît une diffusion
extraordinaire grâce à l’extension de l’Empire romain. Les plus anciens témoins de l’apparition de l’écriture phénicienne en Occident sont des fragments de poterie inscrits datant de la
première moitié du VIIIe siècle.
Les historiens antiques rapportent que les Erétriens et leurs voisins de Chalcis jouèrent un rôle de pionniers dans le mouvement de colonisation du VIIIe siècle, qui conduisit des Eubéens à
s’établir en de nombreux sites de la Méditerranée, notamment en Grèce du Nord, en Italie, à Ischia et en Sicile, ainsi que sur la côte syrienne. Des archéologues ont trouvé dans ces sites des
fragments de céramique typiques de cette époque avec leurs dessins géométriques, provenant d’Eubée. C’est ainsi que l’on peut mesurer l’extension de la présence eubéenne, et érétrienne tout
particulièrement.
La cité des vivants : luxe privé au IVe et au III e siècle av. J.-C.
Erétrie connaît une seconde période d’éclat au IVe et au III e siècle av. J.-C. Les fouilles ont révélé plusieurs vastes demeures de cette époque, qui nous informent sur l’architecture et
l’habitat. L’une d’elles atteint plus de 1200 mètres carrés au sol. Les propriétaires ont pris soin d’orner et de meubler très élégamment les pièces de réception. Le meilleur exemple est donné
par la Maison aux mosaïques (IVe siècle av. J.-C.). Les sols d’un vestibule et d’une salle de banquets sont décorés de pavements de mosaïques à galets ornés de scènes mythologiques :
sphinx et panthères, Néréide, griffons, etc. On découvrira une maquette de la Maison aux mosaïques et une reproduction grandeur réelle d’un des pavements de mosaïques découverts en 1977. Un
autre chef-d’œuvre de l’exposition a également été découvert dans la Maison aux mosaïques. Il s’agit d’une applique de terre cuite, représentant la Gorgone Méduse. Son regard pénétrant et sa
bouche entr’ouverte ne sont pas effrayants, contrairement aux représentations plus anciennes de Gorgones.
La cité des dieux : le sanctuaire d’Apollon Daphnéphoros
Les habitants d’Erétrie vénéraient diverses divinités. Ils ont édifié pour elles des temples et sanctuaires. Les espaces religieux seront représentés dans l’exposition par les principales
trouvailles qu’on y a faites. Au centre de la ville se dressait le temple d’Apollon Daphnéphoros, la divinité tutélaire d’Erétrie. Les premiers bâtiments cultuels très modestes voient le jour
dès le VIIIe siècle av. J.-C. Le dernier temple, dont les frontons étaient ornés de sculptures, est construit entre 530 et 520 av. J.-C. Une maquette illustre la technique de construction d’un
tel temple au VIe siècle av. J.-C., les machines qu’on y employait et le travail des tailleurs de pierre.
Le fronton ouest du temple est le mieux connu. Il rappelle la bataille opposant les Grecs aux Amazones. L’un des groupes les mieux conservés illustre l’enlèvement de la reine des Amazones
Antiope par le héros athénien Thésée. Ce groupe sera illustré dans l’exposition par un moulage, qui restitue les couleurs d’origine. Il sera possible d’admirer une pièce originale, la très
belle Amazone agenouillée conservée aux Musées capitolins de Rome.
La cité des morts : culte des héros et somptueux tombeaux
L’exposition « cité sous terre » offre de nombreuses informations sur les rites funéraires qu’ont pratiqués les Erétriens au cours des siècles et sur leur apport pour notre
connaissance de la société. L’exposition présente en particulier une petite nécropole de la fin du VIIIe siècle av. J.-C. Le rituel pratiqué rappelle celui qui est décrit dans l’Iliade à propos
des funérailles de Patrocle et d’autres héros homériques : les cendres du mort sont enveloppées dans du tissu et placées dans un récipient de valeur, ici un chaudron de bronze. Les
guerriers furent ensevelis avec leurs armes, les femmes avec des bijoux d’or. Un triangle de pierre fut construit au-dessus des tombes. Des traces de culte suggèrent que le héros enseveli a été
l’objet d’un cérémonial religieux après sa mort, d’où le nom d’Hérôon donné à cette nécropole.
La reconstitution de la tombe aux Erotes, caveau à voûte de type macédonien, sera sans aucun doute l’une des attractions les plus originales de l’exposition. Le visiteur pourra pénétrer dans le
tombeau et y découvrir son mobilier de marbre.
Le nom de ce tombeau provient des 28 statuettes de terre cuite ailées, des figures d’Eros enfant, qui ont été découvertes lors de la fouille. A l’origine, elles pendaient au sommet de la voute.
Ce type de tombeau est caractéristique de la Macédoine. D’ailleurs les personnages ensevelis étaient eux aussi d’origine macédonienne. Cette découverte illustre la présence macédonienne en
Grèce, et particulièrement à Erétrie, dès 338 av. J.-C.