La ville de Brest a été presque entièrement détruite durant la seconde guerre mondiale. Toutefois quelques secteurs ont conservé les vestiges de la ville historique. Ainsi le musée de la marine se situe dans une forteresse de Vauban, mais qui s'appuie sur les fondations beaucoup plus ancienne du castellum romain datant du III ème siècle .
Profitant de la traditionnelle fermeture du musée de la Marine, l'Institut national de recherche archéologique préventive (Inrap) a procédé à des sondages dans le soubassement du château.
« Les archéologues ont été impressionnés par la maçonnerie mise en oeuvre par les Romains », commente Hervé Bedri, responsable du patrimoine historique de la Marine à Brest.
« Le castellum, qui date du IIIe siècle après Jésus-Christ, comprenaient des tours de 10 à 12 mètres de haut , poursuit le responsable du patrimoine. Leur soubassement était en pierre. Ce sont des vestiges absolument remarquables, avec une épaisseur de près de deux mètres. C'était de la très belle ouvrage qui devait impressionner l'ennemi ! »
Vue des sondages archéologiques au pied du château de Brest- Copyright Musée de la Marine/J-Y Besselièvre
Cette forteresse romaine à l'estuaire de la Penfeld, le "castellum osismis" (les Osismes étaient le puissant peuple gaulois qui occupait la pointe de Bretagne) faisait partie du système défensif martime, tenu par la Tractus Armoricanus et Nervicanus , administration militaire du bas Empire romain , dirigée par un Dux et créée en 370 de notre ère.
Ce système défensif côtier courrait de Gironde jusqu'à la Belgique, et constituait un véritable " mur de l’Atlantique" de l'époque romaine, destiné à protégée à la fois le trafic maritime de la piraterie et à la fin du IVème siècle des incursions de barbares Irlandais , Saxons et autres pillards parcourant la Manche et l'Atlantique .
Le Tractus Armoricanus et Nervicanus et le reste du litus Saxonicum : système défensif maritime romain de la fin du III ème siècle
Le castellum osismis de Brest était défendu par une troupe auxiliaire d'élite , composée d’environ un millier d'hommes.
Il s’agissait de cavaliers maures, appuyés par une petite flotte la Classis armoricana ou flotte armoricaine.
Cette troupe, originaire d'Afrique du Nord , appelée les maures osismiaques (Mauri Osismiacorum) , était commandée par un préfet (Praefectus militum).
Le décor du bouclier des troupes romaines stationnées à Brest : les Maures Osismiaques ( source Notitia Dignatum- IVème siècle) : ce décor reprend un motif celte
Pour ceux qui veulent en savoir plus, voir l'ouvrage de de Patrick Galliou de mars 2015 , sur cette historie méconnue de la fin de l'Empire romain, à la pointe de la Bretagne :